Thème 5 - La pâte de verre et la dalle de verre
Le vitrail de Sainte Foy célèbre une petite fille restée dans la mémoire collective du Moyen-Age.
Réalisé en 1938, par François Décorchemont, le vitrail bénéficia de la technique de la pâte de verre.
Le procédé, connu déjà dans l'antiquité, avait été oublié, puis remis au goût du jour à la fin du 19ème siècle par Henry Cros.
Le verre concassé ou broyé en poudre est amalgamé à froid dans un moule réfractaire puis recuit à 800°.
La pièce offre alors un grain particulier qui évoque parfois la céramique ou les pierres dures.
Le vitrail de Sainte Foy, avec cette technique parfaitement maîtrisée par Décorchemont, se démarque ainsi d'emblée des vitraux du 19ème siècle. Tout en gardant l'inspiration iconographique du siècle précédent, il s'inscrit ainsi au cœur du 20ème siècle.
La période fut propice alors au renouvellement foisonnant de l'art du vitrail.
A Roscanvel en Crozon et à la libération, c'est l'heureuse rencontre d'un curé amateur d'art et d'un artiste, maître verrier de renommée internationale, qui efface les désastres de la guerre commis sur les anciens vitraux. Auguste Labouret y réalisera une magnifique série de onze verrières « féériques » et « scintillantes, » avec la technique de la dalle de verre cloisonnée au ciment.
A Lorient, en 1953, l'église Notre Dame de Victoire a remplacé l'église Saint-Louis détruite.
Le Maître Verrier Michel Guével choisit lui aussi la dalle de verre pour composer « une symphonie de verre coloré et de béton brut. » La dalle de verre était coulée dans des moules et colorée dans la masse. Elle était ensuite brisée et sertie.
À Bruz près de Rennes, en 1950, un lieu dédié à la mémoire d'un bombardement en 1944 - inexpliqué et meurtrier – est édifié. L'éclairage intérieur est très harmonieux. La nef est percée de fenêtres en dalle de verre décorée de symboles et les vitraux figuratifs de Gabriel Loire affirment l'espérance d'une commune rayée de la carte par la guerre.
À Fontaine Lès Grès près de Troyes en Champagne, en 1956, la dalle de verre est présente également dans une église à l'architecture futuriste. La lumière tombe d'une baie dissimulée dans le clocher, pour éclairer un Christ en bois du 13eme siècle.
A Conques en Rouergue, en 1994, Pierre Soulages et le Maître verrier Jean Dominique Fleury conçoivent en verre plat, découpé et serti de plomb, une variation de bandes grises se rapprochant de l'Art Roman cistercien pour l'église Sainte Foy.
Tout au long du siècle dernier, la pâte de verre et la dalle de verre ont joué un rôle important dans le renouvellement du vitrail.
Elles ont accompagné les évolutions de la représentation iconographique, puis, elles ont été créatrices d'émotion en s'apparentant parfois au formalisme cistercien.
Le vitrail de Sainte Foy, qui s'inscrit dans ces échanges, mérite sa place dans notre musée.